Retourner au 400 jours du 400e

Sénateur Philippe Landry

décembre 7, 2015

LandryPhilippe_senat

Philippe Landry, président du Sénat BAnQ, Centre d’archives de Montréal Fonds Famille Landry. P155,S1,SS2,D27,P1

 

Lorsqu’on examine le parcours de Philippe Landry, on se demande comment cet homme a pu devenir un des plus grands patriotes que l’Ontario français ait connus. Rien ne désignait ce Québécois à jouer un rôle de premier plan sur la scène franco-ontarienne. Pourtant, il a posé un geste retentissant et a rempli avec brio les fonctions de chef de file dans la période la plus sombre de la lutte contre le Règlement 17.

Né à Québec le 15 janvier 1846, élu tour à tour député conservateur de Montmagny à l’Assemblée nationale (1875-1876) et à la Chambre des communes (1878-1887), puis nommé au Sénat (1892-1916), l’agronome Philippe Landry devient président de la Chambre rouge le 23 octobre 1911. Quelque mois plus tard, le 25 juin 1912, le gouvernement de l’Ontario impose le Règlement 17 qui interdit l’instruction en français après la deuxième année et qui limite l’enseignement du français à une heure par jour.

Les Franco-Ontariens montent aux barricades et la résistance s’organise. Philippe Landry appuie ses compatriotes de l’Ontario et fait de la cause franco-ontarienne son cheval de bataille. Tant et si bien qu’il est élu président de l’Association canadienne-française d’éducation de l’Ontario (ACFEO) en 1915.

Au moment de la péAuguste_Charles_Philippe_Robert_Landryriode la plus sombre de la lutte contre le Règlement 17, Philippe Landry pose un geste retentissant. Il démissionne comme président du Sénat canadien. Dans une lettre au premier ministre Robert Borden, en date du 22 mai 1916, il écrit: «J’ai l’intention, à titre de représentant autorisé des Canadiens-français de l’Ontario, de prendre ouvertement la défense de ceux qui n’ont pas eu de défenseurs parmi les hommes de leur race que la province de Québec compte dans l’exécutif fédéral; (…) Pour accomplir ce devoir, sans m’exposer à l’accusation de vous causer d’inutiles embarras en me servant indûment d’un prestige que je vous dois, il faut, les convenances l’exigent, que je descende du fauteuil présidentiel que j’occupe au Sénat. Je vous prie donc d’accepter ma démission.»

Landry agit pour protester contre le gouvernement de Robert Borden qui ne fait rien pour dénouer la crise linguistique. Il quitte la présidence du Sénat «comme une protestation contre tous ceux que l’amour du pouvoir tient engourdis ou que les faveurs ministérielles endorment dans une fausse sécurité».

Il démissionne pour se consacrer entièrement «à la défense d’une noble cause que je veux tenir au-dessus des mesquins intérêts des partis politiques, et pour le triomphe de laquelle il me fait plaisir de sacrifier les quelques années qu’il me reste à vivre.»

C’est le 20 décembre 1919 que l’honorable Philippe Landry meurt en fonction, tant comme sénateur que président de l’ACFEO.

Texte tiré de l’article Naissance du patriote Philippe Landry par Paul-François Sylvestre, paru dans le journal L’Express en janvier 2006.

Ce message relatant une page des 400 ans en français, un héritage à découvrir a été rendu possible grâce au financement de Patrimoine canadien, avec la collaboration du Centre de recherche en civilisation canadienne-française et de votre radio communautaire.

Partenaires