Samuel de Champlain, cartographe, explorateur, gouverneur officieux de la Nouvelle-France (né vers 1567 à Brouage, France; décédé le 25 décembre 1635 à Québec). Il a joué un rôle central dans la fondation de la Nouvelle-France de 1603 à 1635. Il s’est aventuré le long de la côte atlantique (en Acadie), vers l’intérieur du Canada et dans les Grands Lacs. Il a noué des relations amicales avec les autochtones ennemis des Iroquois. Il a participé à la fondation de colonies françaises en Acadie, puis à Québec et à Trois-Rivières. Pendant longtemps, il est demeuré le principal responsable de l’administration de la colonie de Québec. Il a publié quatre livres ainsi que plusieurs cartes de l’Amérique du Nord.
Début de vie et de carrière
Il n’existe aucun portrait authentique de Champlain et on connaît très peu de choses au sujet de ses antécédents familiaux ou de sa jeunesse. Il est possible qu’il ait été baptisé protestant. Toutefois, on sait avec certitude que, dès 1603, il est catholique. Il s’est peut-être rendu aux Antilles vers 1600. Bien que le récit de ces voyages contenu dans le Bref discours lui soit attribué, lui-même n’en fait jamais mention.
Les premiers voyages au Canada
Lorsqu’il entame sa carrière au Canada en 1603, il remonte le Saint-Laurent en compagnie de François Gravé Du Pont. Il n’a alors aucun titre officiel. Le récit qu’il publie de ce voyage constitue la première description détaillée du Saint-Laurent depuis les explorations deJacques Cartier. Depuis cette époque, des Algonquiens avaient conquis cette région des Iroquoiens. À Tadoussac et ailleurs dans la vallée laurentienne, les Français côtoient alors surtout desMontagnais, des Algonquins, des Malécites et des Micmacs.
En 1604, Champlain se rend en Acadie en compagnie de Pierre Dugua de Mons, qui projette d’y établir une colonie française. Il ne détient aucun poste de commande ni dans les colonies acadiennes à Sainte-Croix ni à Port-Royal (Annapolis Royal, Nouvelle-Écosse). En qualité de cartographe, il est chargé d’explorer la côte en vue de trouver un emplacement de colonisation idéal. Il doit du même coup agir comme diplomate auprès des peuples autochtones que Dugua veut mieux connaître. Par deux fois, en 1605 et en 1606, il explore le littoral de ce qui est aujourd’hui la Nouvelle-Angleterre, et se rend aussi loin au sud que Cape Cod. En 1608, Dugua choisit le Saint-Laurent à défaut de l’Acadie et envoie Champlain fonder une colonie à Québec, où le commerce des fourrures avec les peuples autochtones des terres intérieures pourra plus facilement être contrôlé.
La fondation de Québec
Champlain s’établit à Québec et développe un vaste réseau de commerce en consolidant et en forgeant des alliances avec les Montagnais, les nations établies le long de la rivière des Outaouais et les Hurons des Grands Lacs. Ce réseau l’oblige à venir à la rescousse de ses alliés, en guerre contre les Iroquois, dont les territoires s’étendent au sud du lac Ontario et dans l’État actuel de New York. C’est ainsi qu’il participe à des campagnes militaires en 1609 (sur le lac Champlain), en 1610 (près de Sorel) et en 1615 (en territoire iroquois). Blessé pendant la troisième expédition, il doit passer l’hiver 1615–1616 en Huronie. Il en profite pour explorer la région du lac Huron et pour développer des relations cordiales avec de nouvelles nations, notamment les Outaouais et les Népissingues.
Malgré l’opposition des diverses sociétés de commerçants qui font appel à ses services et qui trouvent bien plus rentable de ne s’occuper que du commerce des fourrures, Champlain se promet de faire de Québec le centre d’une colonie puissante. Dans un rapport de 1618, il en décrit le potentiel commercial, industriel et agricole. Son rêve semble vouloir se réaliser en 1627, lorsque la Compagnie des Cent-Associés est fondée. Mais, dès l’année suivante, les frères Kirke s’emparent de Tadoussac, du Cap Tourmente, puis de Québec, au nom de la couronne d’Angleterre. La capitale de la Nouvelle-France naissante est sous occupation anglaise de 1629 à 1632, puis sera remise aux Français.
Nommé lieutenant par le cardinal Richelieu, Champlain retourne en 1633 à Québec, où il peut voir les débuts prometteurs de la colonie. Il peut aussi rétablir des rapports diplomatiques cordiaux avec les Montagnais et autres peuples autochtones. Paralysé à l’automne de 1635, il meurt en décembre. Il se peut que sa dépouille, ensevelie sous la chapelle Champlain jouxtant l’église Notre-Dame-de-la-Recouvrance, repose aujourd’hui sous la basilique-cathédrale Notre-Dame de Québec.
Les écrits de Champlain
Champlain a laissé quantité d’écrits, qui racontent essentiellement ses périples. Les éditions les plus importantes de son travail sont celles préparées par C.H. Laverdière (1870) ainsi que l’édition bilingue de H. P. Biggar (1922–1936). Les œuvres de Champlain constituent le seul compte-rendu de la colonie laurentienne au début du XVIIe siècle. En tant que géographe et « artiste » (comme l’affirme un document d’époque), il illustre ses récits de nombreuses cartes, dont la plus importante et la dernière est celle de 1632. Elle inclut une liste de noms d’endroits que l’on ne trouve pas sur la carte. De plus, elle est accompagnée d’explications non publiées, et détaille tout ce qu’on connaissait de l’Amérique du Nord à l’époque.