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Benjamin Sulte

septembre 18, 2015

Photo : Benjamin Sulte (1889). Photographe / Source : Archambault BAnQ, Centre d’archives de Montréal. Collection Institut Notre-Dame du Bon-Conseil de Montréal P783, S2, SS9

Photo : Benjamin Sulte (1889). Photographe / Source : Archambault BAnQ, Centre d’archives de Montréal. Collection Institut Notre-Dame du Bon-Conseil de Montréal P783, S2, SS9

Né à Trois-Rivières, Canada-Est, le 17 septembre 1841, il est le fils de Benjamin Sulte dit Vadeboncoeur, navigateur et capitaine de bateau, et de Marie-Antoinette Lefebvre. Il fait ses études à Trois-Rivières. Devenu orphelin de père en 1847, Benjamin Sulte quitte l’école à l’âge de dix ans pour subvenir aux besoins de sa famille. Il s’engage à l’âge de onze ans comme commis dans un magasin de nouveautés, devient assistant teneur de livres dans une exploitation forestière, passe ensuite dans un magasin de marchandises sèches, au commerce de cuir, puis payeur sur un bateau-à-vapeur faisant la navette entre Trois-Rivières et Montréal. Enfin, il est gérant d’un magasin de confection et comptable chez A.-A. Gouin et compagnie. Autodidacte, il compose, à partir de 1860, des chansons que les journaux distribuent en prime à leurs abonnés. En 1859, il est co-fondateur du cerle littéraire de Trois-Rivières. En 1862 et 1863 paraissent ses premiers récits et chansons : « La Chasse à l’Ours » dans Sentinelle, et « Les Canotiers du Saint-Laurent » dans L’Écho du Cabinet de lecture paroissial.

Il s’enrôle dans une compagnie d’infanterie en 1861 et fait des études à l’École militaire royale, et en 1861, lors de l’affaire du « Trent », il s’enrôle dans une compagnie d’infanterie volontaire à Trois-Rivières, devient caporal en 1864 et sergent en 1865. Il entre par la suite à l’École militaire de Québec et obtient le certificat de seconde classe, et de capitaine au 60e Régiment des carabiniers royaux. En 1866, il est de nouveau en service actif et fait trois campagnes contre les Féniens avec le grade de sergent-major pour la compagnie no 1 des volontaires de Trois-Rivières.

Benjamin Sulte. Source : Bibliothèque et Archives nationales du Québec / 52327/2076452

Benjamin Sulte. Source : Bibliothèque et Archives nationales du Québec / 52327/2076452

Il quitte l’armée quelques mois après, et il est engagé comme rédacteur au journal Le Canada, à Ottawa, le 28 juillet 1866 et à nouveau en 1867. En novembre 1867, il entame une carrière de traducteur adjoint à la Chambre des communes. Muté le 19 mai 1870 au ministère de la Milice, il est pendant quelque temps secrétaire de George-Étienne Cartier. En juin 1874, il prend la direction de la correspondance du ministère et, en juillet 1887, il devient chef de division, chargé des archives et de la correspondance. Il devient premier commis au même ministère le 1er juillet 1889, où il travaille jusqu’en 1903, année de sa retraite. Il termine sa carrière en qualité de sous-ministre par intérim.

Il est président de l’Institut canadien-français d’Ottawa de 1874 à 1875, de 1875 à 1876, et de nouveau en 1900-1901. Il est membre du Cercle littéraire et artistique de Bruxelles depuis 1867, et membre fondateur du Cercle des Dix, groupe de littérateurs de la Capitale fondé en 1884 par A.-D. De Celles. Membre fondateur de la Société royale du Canada en 1882, il en devient le président de la section française en 1885, et le président général en 1904-1905. Il est secrétaire correspondant de la Société Saint-Jean-Baptiste d’Ottawa en 1868, puis en 1882, et président général de la Société Saint-Jean-Baptiste d’Ottawa en 1876 et de 1883 à 1885. Il est membre du comité de régie de la section Notre-Dame de la même société en 1878-1879. En 1904-1905, il est membre du bureau de direction du Canadian Club. En 1901, Sulte devient membre fondateur du Committee for the Preservation of Scenic and Historic Places in Canada et, en 1907, de la Historic Landmarks Association dont il est secrétaire jusqu’en 1916.

Photo : Les agents de la Canadian Club d'Ottawa . (Rangée du bas , G - D) : Peter Whelan , W.W. Campbell , Benjamin Sulte , Crawford Ross. (Centre rangée , G-D) : WJ Gerald , Plunket B. Taylor, WL Mackenzie King (président), Gerald H. Brown , J. Lyons Biggar . (Rangée du haut , G-D) : AP Sherwood , JD Courtenay , Hamnett P. Hill, WL Scott , John Christie. Source : William James Topley / Bibliothèque et Archives Canada / MIKAN 3366355 / PA- 012226.

Photo : Les agents de la Canadian Club d’Ottawa . (Rangée du bas , G – D) : Peter Whelan , W.W. Campbell , Benjamin Sulte , Crawford Ross. (Centre rangée , G-D) : WJ Gerald , Plunket B. Taylor, WL Mackenzie King (président), Gerald H. Brown , J. Lyons Biggar . (Rangée du haut , G-D) : AP Sherwood , JD Courtenay , Hamnett P. Hill, WL Scott , John Christie. Source : William James Topley / Bibliothèque et Archives Canada / MIKAN 3366355 / PA- 012226.

Il est aussi membre de la Commission des lieux et monuments historiques du Canada à partir de 1908. Écrivain prolifique, le premier Canadien français à avoir publié un recueil de poésie en Ontario, « historien de la Mauricie et de l’Outaouais », il publie des contes, des monographies, des biographies et diverses études historiques. Auteur de deux volumes de poésie, dont Les Laurentiennes, et d’une trentaine d’ouvrages, dont Mélanges de littérature et d’histoire, il a collaboré à plusieurs journaux et revues, notamment La Sentinelle, La Minerve, la Revue canadienne, dont il est membre fondateur, et les Mémoires de la Société royale et Le Canada, vers 1893-1895. Son oeuvre principale est l’Histoire des Canadiens français, publiée en huit volumes, de 1882 à 1885. Ses Mélanges historiques comptent 21 volumes. De 1887 à 1923, il habite le 304 Wilbrod, angle sud-ouest Friel, demeure qu’il nomme « Château-Bonheur ».

En 1916, l’Université de Toronto lui remet un doctorat honoris causa en droit et, en 1923, la Société Historique de Montréal lui décerne sa médaille de vermeil.

Marié à Marie-Augustine Parent, fille d’Étienne Parent, le 3 mai 1871, Benjamin Sulte décède à Ottawa le 6 août 1923 à l’âge de 81 ans.

Buste de Benjamin Sulte à Trois-Rivières. Photographe : Daniel Robert. Source : Wikimedia Commons.

Buste de Benjamin Sulte à Trois-Rivières. Photographe : Daniel Robert. Source : Wikimedia Commons.

Saviez-vous que ?

Entre 1860 et 1916, Sulte lui-même affirme avoir écrit 3 500 articles publiés dans 106 périodiques, dont 45 articles pour la Société royale du Canada.

Sulte aurait servi de modèle pour la statue de Laviolette réalisée par Louis-Philippe Hébert et inaugurée en 1886 à Trois-Rivières. On a écrit également que Sulte a servi comme modèle au sculpteur Hamilton McCarthy au monument commémorant Samuel de Champlain, dévoilé à Ottawa le 27 mai 1905.

Dans le cimetière de Trois-Rivières, la Commission des monuments historiques du Canada et la ville de Trois-Rivières ont placé une plaque commémorative de bronze et un monument avec un buste à sa mémoire, inauguré au Parc Champlain en 1934. Une rue de Shawinigan et un pavillon de l’Université du Québec à Trois-Rivières portent son nom.

Texte : Jean Yves Pelletier