Claudette MacKay-Lassonde
avril 12, 2015
Pour la plupart d’entre nous, atteindre le sommet de notre profession serait un assez grand accomplissement. Être une femme au sommet d’une profession essentiellement masculine serait un défi dévorant.
La feue Claudette MacKay-Lassonde, P.Eng a relevé ce défi et tant d’autres. Elle a occupé des postes de direction au Northern Telecom, Xerox et investissements Firelight, a siégé au conseil de plusieurs sociétés, y compris le Groupe de fonds AGF et de l’Abitibi-Price, et a finalement été présidente et chef de la direction des systèmes Enghouse de Markham, en Ontario. Son engagement à améliorer l’environnement dans lequel elle et ses collègues femmes ingénieures se trouvaient était une activité extra-professionnelle auto-imposée qui a souvent abouti à la controverse.
« C’est louable qu’elle donne tellement de son temps à une cause – ou peut-être une mission – c’est ce que c’est pour moi », dit Monique Frize, P.Eng, titulaire de la Chaire CRSNG/Nortel conjointe des femmes en science et en ingénierie en Ontario dans les universités de Carleton et Ottawa. Elle accrédite MacKay-Lassonde à la création de la première d’une telle chaire dans le monde alors qu’elle travaillait chez Nortel. Frize a été la première personne nommée à cette position historique à l’Université du Nouveau-Brunswick.
Micheline Bouchard, ing., présidente et chef de la direction de Motorola Canada, se souvient quand elle et MacKay-Lassonde ont toutes deux travaillé pour les services publics. « Elle était mon seul contact pour discuter de l’environnement dans lequel nous travaillions », dit Bouchard. « Nous (les femmes ingénieures) étions tous des pionnières. Nous ne savions pas ce qui était la bonne façon d’agir. »
La participation officielle de Bouchard avec les femmes en ingénierie a commencé quand MacKay-Lassonde lui a demandé de prendre la parole lors de la première conférence des Femmes en sciences et génie (de l’anglais WISE) en 1981. MacKay-Lassonde avait fondé WISE quelques années plus tôt. « Ma passion pour cette cause a commencé avec elle », dit Bouchard. « Elle était certainement une pionnière dans la promotion de l’avancement et de l’entrée de plus de femmes dans la profession. »
D’énormes progrès ont été accomplis, grâce à tout le travail MacKay-Lassonde a fait, dit Bouchard. « Aujourd’hui il n’y a pas de discrimination dans les universités. Tous comportements (discriminatoires) que vous voyez aujourd’hui ne sont que le reflet de ce qui se passe dans la société dans son ensemble. Notre défi n’est pas tant de rendre la profession ouverte aux femmes – ceci est fait. N’importe, les entreprises apprécient désormais la contribution des femmes. L’étape suivante est de savoir comment obtenir que plus de jeunes femmes se joignent à la profession. »
Il sera difficile de reproduire la passion de MacKay-Lassonde pour le sujet des femmes en génie. Jean Surrey, ing., est membre du Comité consultatif des femmes en génie fondé par MacKay-Lassonde pendant son mandat de présidente du Professional Engineers Ontario. « Je suis très heureuse que les femmes ingénieures l’ont eue comme porte-parole parce qu’elle influence les gens et collabore avec eux – y compris les hommes en costumes – ils l’écoutent ».
En 1996, MacKay-Lassonde a affirmé à un auditoire à l’Université de Toronto que sa croyance dans le droit d’une femme de faire ses propres choix était ce qui l’a poussée à se lever et à vouloir se faire entendre. « Ce n’est pas chaque femme qui aspire à une carrière d’ingénieure ou à atteindre le sommet d’une profession, mais celles qui ont ce rêve devraient avoir une chance équitable, » dit-elle. Mais elle met en garde contre l’idée des modèles qui semblent « tout avoir. » Quand les intérêts de sa carrière ont eu un pris sur sa santé, elle avait fini par comprendre que l’équilibre est la clé à l’épanouissement personnel. « Vous devez décider ce qui est plus important pour vous, en accepter les coûts et poursuivre vos rêves. Sachez que vous ne pouvez pas tout avoir. Mais vous pouvez avoir ce que vous appréciez le plus. »
Claudette MacKay-Lassonde est décédée à son domicile de Toronto en juin à l’âge de 51 ans après une longue bataille avec le cancer. Née et élevée à Montréal, elle avait un diplôme en génie chimique, génie nucléaire et en affaire. Elle laisse dans le deuil son mari de 30 ans, Pierre, ses deux enfants, Julie et Christian, et petit-fils Jacob.
Texte traduit, adapté et tiré de l’article de Sophie Kneisel du magazine Canadian Consulting Engeneer.