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Dekanawida, le Messager céleste

novembre 26, 2014

Dekanawida3La légende qui s’est peu à peu formée à son sujet a longtemps servi de guide à la conduite des Iroquois, chez eux et à l’étranger. Dans tes différentes versions qu’on en a conservées, elle apparait maintenant comme un ensemble hétéroclite de religion, de mythologie, de droit constitutionnel, de littérature philosophique, de sciences naturelles et de folklore. Mais l’essentiel du récit, qui raconte les mesures d’ordre pratique que prit Dekanahouideh, le « Messager céleste », pour établir une solide Société des Nations sous l’Arbre de la Paix, revêt une noblesse de conception insurpassée dans la tradition populaire d’une région quelconque du monde.

D’après cette légende, Dekanawida naquit chez les Hurons. Sa mère vierge avait été prévenue au cours d’un songe, par un messager du Créateur, qu’elle porterait un fils destiné à planter l’Arbre de la Paix à Onontagué.

Arrivé à l’âge adulte, il expliqua à sa mère la mission que le Grand-Esprit l’avait envoyé accomplir, et qui était de porter « la bonne nouvelle de la paix et de la puissance » aux hommes ; de leur indiquer la façon de réaliser leur désir de paix et de justice grâce à l’union sous une autorité civile appuyée sur la puissance militaire. Le temps venu de faire ses adieux, il mena sa mère à un arbre qui s’élevait sur une colline près de l’eau et lui recommanda de s’y rendre une fois par an après son départ et de donner un coup de hachette à l’arbre. Si le sang s’échappait de la coupure, elle saurait qu’il avait échoué ; si c’était la sève, c’est qu’il serait en vie et aurait réussi. Les Iroquois révèrent encore cette colline. Les chefs de la réserve des Six-Nations, située près de Brantford, en Ontario, s’y rendent chaque année pour y brûler le tabac sacré et offrir des prières au Grand-Esprit.

Après avoir traversé le lac Ontario dans un canot fait de pierre blanche (son premier miracle), Dekanawida arriva au pays des Onontagués. Il s’y mit à la recherche d’un meurtrier notoire, résolu à faire de cette rencontre le premier essai de sa puissance. Lorsque Dekanawida entra dans la cabane pour remettre son message de paix et de puissance, le guerrier y répondit avec empressement et s’offrit en qualité de disciple. Ensemble, les deux hommes dressèrent le plan d’une campagne destinée à rapprocher les nations voisines en une confédération pacifique, avec l’intention, ainsi que devait le dire un Iroquois du xvie siècle, que « la terre soit belle, que la rivière n’ait plus de vagues pour que chacun puisse aller partout sans crainte ». Le grand obstacle à cette union était Atotarho, principal chef des Onontagués, tyran hideux dont le corps s’ornait de sept crochets et dont la chevelure se composait d’un enchevêtrement de serpents vivants. « Tu porteras le nom d’Hiaouatha [Celui-Qui-Peigne], dit Dekanahouideh à son disciple, car tu peigneras les cheveux d’Atotarho pour les débarrasser des serpents. »

Hiaouatha le rejoignit et les Agniers adoptèrent les deux hommes. À la tête d’un groupe d’Agniers, chantant l’hymne de la paix, ils se dirigèrent vers l’Ouest et le pays des Onneiouts. Ces bons amis des Agniers acceptèrent rapidement le message et partirent à leur suite. Après avoir évité les Onontagués, qu’Atotarho terrorisait, ils se rendirent chez les Goyogouins, qui se joignirent à eux et tous entrèrent dans le pays des Tsonnontouans.Dekanawida2

Les deux hommes agirent séparément pendant un certain temps. Dekanahouideh se rendit seul à la nation des Caniengas ou du Silex (Agniers). Le message de paix et de puissance y attira plusieurs adhérents, mais les sceptiques exigeaient un signe. Pour les satisfaire, Dekanahouideh grimpa à un arbre très haut, au bord d’une falaise surplombant la rivière des Hollandais (Mohawk). E leur prescrivit d’abattre l’arbre de telle sorte que celui-ci l’entraînât en tombant dans les rapides. S’il survivait, ils sauraient qu’il disait la vérité. Après avoir abattu l’arbre comme il leur avait dit, les Agniers attendirent longtemps sur la rive, espérant découvrir un motif de croire en lui ; mais, comme le temps passait sans qu’il reparût, ils rentrèrent, affligés, dans leur village. De bonne heure le lendemain matin, on aperçut un filet de fumée sur la rive où Dekanahouideh était tombé et on vit le Messager Céleste assis tranquillement près de son feu en train de déjeûner. Les Agniers se réunirent de nouveau, acceptèrent son message et, depuis, on les compte parmi les fondateurs de la confédération iroquoise.

Ils y trouvèrent la dissension, un groupe de Tsonnontouans acceptant la « Bonne nouvelle », tandis qu’un autre la rejetait. Dekanahouideh se vit forcé d’accomplir un autre miracle. À son commandement, d’après une version de la légende, « le soleil disparut et l’obscurité complète régna ». Ce signe suffit et les Tsonnontouans dissidents se rallièrent.

Alors, les guerriers des Quatre-Nations marchèrent contre Atotarho dans son « antre de joncs » près du lac Onondaga. La menace d’une puissance visible, adoucie par l’offre du poste de principal chef des nations unies à condition qu’il se rallie, porta Atotarho à réfléchir, et Hiaouatha, avec un peigne, enleva les serpents de ses cheveux.

Sur ce, Dekanahouideh. « planta l’Arbre de la Paix », grand pin blanc aux racines blanches « saines » qui s’étendait aux quatre coins de la terre afin de guider les hommes qui, où qu’ils fussent, désiraient remonter jusqu’à la source de la paix. Il mit au-dessus de l’arbre « l’aigle qui voit loin », symbole de la préparation militaire, pour déceler le danger. Sous l’arbre, il ouvrit une caverne dans laquelle il jeta les armes de guerre. Il plaça des andouillers sur la tête des 50 chefs représentent les Cinq-Nations (dont les noms devaient devenir les titres des chefs qui leur succéderaient) et il leur remit le texte de la « grande loi », c’est-à-dire la constitution des Cinq-Nations.

Une vidéo dans la série Minutes du patrimoine fut crée à ce sujet. Vous pouvez la visionner ici.