Frédéric Baraga
octobre 8, 2015
Frederic Baraga naquit, non pas dans la noblesse comme on l’a parfois affirmé, mais dans une famille aisée de Slovénie. Il reçut sa première éducation de précepteurs, puis à Laibach (Ljubljana, Yougoslavie) avant d’étudier le droit à l’université de Vienne et d’entrer au séminaire de Laibach. Il fut ordonné prêtre le 21 septembre 1823 et céda ses droits sur les biens familiaux afin de se consacrer au ministère dans le diocèse de Laibach. Les missions étrangères l’attirèrent bientôt et, en 1829, lors de la fondation, à Vienne, de la Société Léopoldine, dont le but était d’appuyer l’action missionnaire, il demanda à être envoyé dans le diocèse de Cincinnati, aux États-Unis. Baraga fut le premier missionnaire parrainé par cette société et débarqua à New York le 31 décembre 1830. Il maîtrisait déjà plusieurs langues, dont l’anglais et le français.
Après avoir étudié le sauteux à Cincinnati, où il prêcha également aux fidèles de paroisses allemandes, Baraga partit, en 1831, pour Arbre Croche (Harbor Springs), établissement d’environ 650 pionniers dans le Michigan. En 1833, il se rendit à Grand River (Grand Rapids, Michigan), en 1835, à La Pointe (Wisconsin) et, en 1843, à L’Anse, dans la baie de Keweenaw, où il fonda une mission. En 1848, il fut nommé un des vicaires généraux du diocèse de Detroit et, en 1853, évêque titulaire d’Amyzonia, chargé du diocèse d’Upper Michigan. Jusqu’en 1865, alors qu’il s’établit à Marquette, son siège épiscopal était à Sault Ste Marie (Michigan).
Les premiers travaux missionnaires de Baraga aux États-Unis s’exercèrent parmi des populations mixtes, qui comprenaient des Indiens et des trafiquants de fourrures, dont plusieurs étaient des retraités et d’autres, des Canadiens français ou des Métis. Parce qu’il se trouvait peu de missionnaires catholiques dans la plus grande partie du territoire situé au nord des lacs Huron et Supérieur, Baraga entreprit bientôt, dans les années 1840, des tournées missionnaires occasionnelles dans les établissements de cette région, où il desservit de nouveau des trafiquants de fourrures et des Indiens. Au début, il relevait de l’évêque de Québec, puis, après 1837, de l’évêque de Kingston, afin de lui permettre de recevoir une part des subventions de la Société Léopoldine pour la poursuite de son œuvre en territoire canadien. En sa qualité d’évêque, à partir de 1853, il reçut une juridiction déléguée de l’évêque de Toronto pour les missions de la rive nord du lac Supérieur, allant de Bruce Mine à Fort William (Thunder Bay, Ontario) et comprenant les missions des jésuites à Fort William (où travaillait le père Dominique Duranquet) et à Garden River (sous la responsabilité du père Auguste Kohler), aussi bien que les missions indiennes de Michipicoton, du lac Nipigon et de Pic. En octobre 1854, il confirma 44 personnes à Garden River, la première confirmation jamais donnée à cet endroit. En 1856, les missions furent transférées sous l’administration de l’évêque de Hamilton, John Farrell, mais continuèrent d’être sous la responsabilité déléguée de Baraga. Cependant, il œuvra lui-même seulement dans la région environnant Sault-Sainte-Marie, côté canadien, où, disait-il, « se trouvent beaucoup d’Indiens […] qui ne parlent que l’indien » et où il pouvait leur fournir un meilleur service. Il visita régulièrement Sault-Sainte-Marie et, en 1862, célébra la première messe à Goulais Bay, à quelque 20 milles au nord, dans une église dont il avait commencé la construction.
Les travaux de Baraga comme missionnaire chez les Indiens dans le territoire qui devint l’Ontario septentrional furent une œuvre considérable de pionnier, mais son influence sur les missionnaires de son temps et leurs successeurs œuvrant parmi les Indiens du Canada constitue l’aspect le plus important de sa carrière. Avant de venir en Amérique du Nord, il avait publié des livres de prières en slovène et, aussi tôt que 1832, il en publia un en sauteux. Il fit paraître beaucoup de livres de prières, des livres de méditation et d’autres œuvres de dévotion en langues indiennes, dont plusieurs connurent de nombreuses éditions. Il publia aussi un volume en allemand sur les coutumes des Indiens. Ses travaux les plus importants, cependant, furent une grammaire de la langue des Sauteux, d’abord publiée à Detroit en 1850, et un dictionnaire de la même langue, en 1853. Ces deux volumes devinrent indispensables aux missionnaires qui désiraient apprendre cette langue et furent maintes fois réédités. Le père Albert Lacombe publia les deux ouvrages à Montréal en 1878–1880.
Mgr Baraga mourut à Marquette en 1868. Son influence linguistique et culturelle sur les missionnaires qui lui succédèrent et sur l’étude de la langue des Sauteux et de ses dialectes se fit sentir jusqu’au xxe siècle et ses œuvres continuent d’être rééditées et étudiées.
Texte tiré du site Web du Dictionnaire biographique du Canada.