Le combat du Long Sault : bravoure ou folie ?
juillet 25, 2015
L’autre guerre de cent ans
Depuis des temps immémoriaux, ce sont surtout la soif du pouvoir et l’appât du gain qui ont conduit les peuples à la guerre. Même s’il était de nature pacifique, le fondateur du Canada Samuel de Champlain avait tout de suite contracté alliance avec les Algonquins et les Hurons parce que ces peuples vivaient au nord du grand fleuve Saint-Laurent où les fourrures plus grasses et plus riches valaient plus cher. Malheureusement, ces nations étaient en guerre contre les Iroquois qui étaient des Américains avant la lettre, surtout dans le futur État de New York. Aussi, Champlain dut aller leur livrer combat dès 1609. Ils devinrent les ennemis des Français pendant près d’un siècle, jusqu’à la Grande Paix de 1701.
Les armes à feu
Ainsi les Iroquois, peu connus sous leur nom d’Entouhoronons, et qui n’avaient encore jamais entendu le « bâton du tonnerre » qu’était l’arquebuse de Champlain, formèrent bientôt la ligue des Cinq-Cantons qui regroupaient d’Est en Ouest les Agniers (Mowaks), les Onnéiouts, les Onontagués, les Goyogouins et les Tsonnontouans. On connaît l’histoire. Pour concurrencer les Français qui disposaient des plus belles peaux, les gens de la Nouvelle-Amsterdam puis de le NouvelleYork fournirent des armes à feu aux Iroquois, ce dont s’abstenaient de faire Champlain et ses successeurs. Et c’est comme ça que les Entouhoronons vinrent envahir les traditionnels territoires de chasse des Algonquins.
La célèbre bataille
Arrivés enfin en amont de Chute-à-Blondeau le premier mai, les 17 Français sont rejoints par les 40 Hurons du chef Anahontaha et le chef Mitiwemeg, accompagné de trois autres Algonquins. Tous s’activent à mettre en état de défense le fort trouvé là au pied du LongSault. Toutefois, les 61 combattants voient bientôt poindre deux canots iroquois. Les Français font feu, mais au moins deux des arrivants s’échappent. Dollard mettra peu de temps à comprendre qu’il avait raison de s’inquiéter de son arrivée tardive pour surprendre les chasseurs ennemis avant qu’ils ne se rassemblent. Ce sont en effet quelque 250 Onontagués qui débouchent au pied du passage infaillible. Surpris, Français et alliés retraitent en toute hâte, abandonnant canots et marmites sur le feu.
Le combat
Les braves repoussent avec vigueur la première attaque ennemie, semant la mort dans les rangs iroquois. Ceux-ci veulent parlementer. Dollard de méfie, arguant qu’ils sont cent militaires venus au devant des Nez-Percés (les Outaouais fournisseurs de fourrures) pour les escorter et que les Onontagués doivent se retirer. Ces derniers attaquent de plus belle et subissent de lourdes pertes pendant trois jours, furieux de voir des têtes de leurs chefs plantées sur des poteaux du fort. Ils doivent faire trêve mais envoient chercher du renfort aux bouches du Richelieu (Sorel) où d’autres tribus qu’ils devaient rejoindre se sont donné rendez-vous pour anéantir la colonie française.
La fin héroïque
Pendant les cinq jours d’accalmie et malgré la soif qui leur brûle la poitrine, les assiégés consolident leurs fortifications. Voilà que l’effroyable cri de guerre de 500 Agniers et 50 Onneyiouts venus à la rescousse des Onontagués retentit. La majorité des Hurons se rendent à l’ennemi. Les attaques, toujours repoussées, font rage pendant trois autres jours. À la fin, les plus braves des assaillants décident de se sacrifier et, munis d’une armure faite de buchettes assemblées, foncent vers le fort qu’ils atteignent. À l’abri des meurtrières, ils percent des brèches. En dernier ressort, Dollard lance un mousqueton chargé de poudre que frappe une branche de la palissade et retombe dans le fort, tuant et estropiant les occupants. Les vainqueurs repartiront en Iroquoisie plutôt en vaincus, abandonnant l’idée de porter plus loin la dévastation. La route des fourrures est rouverte. Dollard et ses compagnons sont les sauveurs de la Nouvelle-France, premiers Patriotes à verser leur sang pour le pays neuf.
Voici une vidéo par l’Écho d’un peuple au sujet de cette bataille.