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Le phare de l’Île au Bois Blanc

septembre 1, 2015

Le phare à l’extrémité sud de l’île Bois Blanc a été construit par le gouvernement du Haut-Canada en 1836, peu avant la crise provoquée par la Rébellion de 1837-1838. Situé près de l’embouchure de la rivière Détroit, il marquait le principal chenal de navigation et guidait le trafic amont du lac Érié vers Amherstburg, Windsor et les lacs supérieurs. En 1872, son feu, situé à 56 pieds au-dessus de la laisse des hautes eaux, était visible, dit-on, à 18 milles par temps clair. Apparemment, c’était le troisième phare érigé pour améliorer la sécurité de la navigation sur le lac Érié, après l’augmentation des activités de transport résultant de l’achèvement du canal Welland en 1829. Le phare de l’île Bois Blanc est resté en service jusqu’à la fin des années 1950, lorsqu’il a été rendu inutile par les nouvelles aides à la navigation. Il a été transféré à Parcs Canada en 1961.

Île au Bois Blanc. Source : Google Maps.

Île au Bois Blanc. Source : Google Maps.

Le phare est associé à la brève occupation de l’île Bois Blanc par les forces rebelles à l’époque de la Rébellion. Le 8 janvier 1838, un groupe de 60 « patriotes » canadiens et de leurs sympathisants américains à bord de la goélette Anne a débarqué sur l’île. Ce groupe a obligé la garde militaire réduite ainsi que le gardien de phare et sa famille à évacuer l’île. Le jour suivant, le bateau des rebelles s’est échoué près d’Amherstburg, et tous les membres du groupe ont été capturés. Cette attaque était l’une des incursions des forces rebelles le long de la frontière de Détroit qui occasionnèrent le renforcement des forces régulières et de la milice au fort Malden. En 1961, le phare a été désigné comme lieu historique national parce qu’il était « un point d’attaque par les patriotes américains au cours des troubles de 1837-1838 ».

Photo : Rue Main, Amherstburg, 1865. Source : Fonds Alvin D. McCurdy. Code de référence : F 2076-16-6-2-44 / Archives publiques de l'Ontario, I0024850

Photo : Rue Main, Amherstburg, 1865. Source : Fonds Alvin D. McCurdy. Code de référence : F 2076-16-6-2-44 /
Archives publiques de l’Ontario, I0024850

Le phare est associé de façon plus large au développement de plusieurs communautés le long de la rivière Détroit comme centres de commerce et d’échange au cours des années 1830. Amherstburg, qui comptait alors une population de quelques centaines de résidents, ne faisait pas exception. La communauté était fortement axée sur les transports par voie d’eau au cours du XIXe siècle. Poste militaire et entrepôt, et centre de services régionaux pour les fermiers des environs, l’agglomération comptait de nombreux quais et installations d’entreposage témoignant du développement de la navigation sur la rivière Détroit. Le phare souligne également l’emplacement géographique stratégique d’Amherstburg, et la raison du choix de ce site par les Britanniques pour y construire un poste militaire. Le chenal de navigation se rétrécissait beaucoup à cet endroit, obligeant les bateaux à passer près de la rive d’Amherstburg, sur le côté est de l’île Bois Blanc. Le phare guidait les bateaux vers le chenal et les écartait des écueils dangereux à proximité.

Phare-de-l'Île-Bois Blanc © Parcs Canada

Phare-de-l’Île-Bois Blanc © Parcs Canada

Ce phare est un exemple précoce d’une tour « impériale », un type de phare courant dans la période s’étendant de 1830 à 1860. Les phares « impériaux » variaient en hauteur et pouvaient atteindre plus de 100 pieds; ils se caractérisaient par une tour tronconique, consistant en un noyau de moellons bruts revêtu ou recouvert de pierre, taillée au marteau ou rustiquée. Le phare de l’île Bois Blanc présente un revêtement de moellons, mesure 18 pieds de diamètre à la base, et s’élève à une hauteur de 40 pieds. Ses flancs tronconiques se dressent élégamment jusqu’à une corniche en encorbellement et sont percés de trois fenêtres. Le feu lui-même, à l’origine un appareil à feu catoptrique, a été modernisé plusieurs fois au cours des décennies jusqu’en 1954, alors qu’il a brûlé. Il a été remplacé par une structure à cadre d’acier utilitaire, qui a été enlevée plus tard par Parcs Canada au cours des années 1970. À l’origine, la porte d’entrée était embellie par une fenêtre en imposte semi-circulaire. Au cours des années 1970, la porte et la fenêtre ont été restaurées par Parcs Canada, mais ont été détruites ensuite par des vandales. En conséquence, l’entrée a été comblée par une maçonnerie de moellons.

L’utilisation de calcaire pour la construction du phare a contribué à sa survie et à sa stabilité d’ensemble pendant plus d’un siècle et demi. Selon une source, ce calcaire a été apporté comme lest de Kingston. On ne sait pas qui a conçu et dessiné ce phare. Les plans et devis ont été préparés pour les commissaires nommés par l’Assemblée du Haut-Canada pour surveiller le projet. Le phare a été construit à contrat par John Cook, de Détroit. Bien qu’on ne puisse la confirmer, une tradition locale veut que l’architecte du phare était Andrew Kemp, rattaché au corps auxiliaire des Royal Engineers à Amherstburg.

Texte tiré du site Web de Parcs Canada