Les Hurons-Ouendats (Wendats)
juin 18, 2015
La nation huronne-ouendate occupait un territoire sis au nord et à l’ouest du lac Simcoe, et au sud et à l’est de la baie Georgienne. Environ 70 pour 100 de ces terres étaient arables.
C’est une région excellente pour la chasse et la pêche, et la baie Georgienne, avec ses nombreux affluents, permettait aux Ouendats de contrôler les échanges entre le Sud fertile et le Bouclier canadien. Dans le périmètre du Ouendake, environ 330 kilomètres de pistes reliaient les quatre tribus de la nation huronne et tous leurs villages. Des sentiers quadrillaient l’ensemble du Ouendake et menaient également aux territoires voisins des nations des Pétuns et des Neutres.
Pour franchir de longues distances, il y avait les canots d’écorce. Ces embarcations, de quelque sept mètres de long et d’un mètre de large, pouvaient transporter quatre ou cinq hommes et une cargaison d’environ 91 kilos. Pendant l’hiver, les Ouendats se déplaçaient au moyen de raquettes, de traîneaux et de traînes sauvages.
Les tribus et les clans
La nation huronne-ouendate était une association de groupes de langue iroquoienne et se divisait en quatre grandes tribus :
- La tribu de l’Ours (Attignawantan), la plus nombreuse, renfermait près de la moitié de la population ouendate. En 1640, le clan de l’Ours englobait treize villages.
- La tribu de la Corde (Attigneenongnahac) occupait le territoire délimité par les rivières Sturgeon et Coldwater, sur la crête du mont St. Louis. Elle était partagée entre trois villages principaux. Comme celle de l’Ours, cette tribu était l’une des plus anciennes.
- La tribu de la Roche (Arendarhonon) possédait un territoire sis entre Coldwater et Orillia. Ses membres formaient quatre villages, celui de Cahiague étant le plus important.
- La tribu du Chevreuil (Tahontaenrat) a été la dernière tribu à s’établir au Ouendake. Elle occupait un territoire sis au nord du lac Orr.
Le « peuple du marais » (Ataronchrono) n’était pas reconnu par la confédération, au sein de laquelle il était pourtant représenté par les dirigeants de la tribu de l’Ours. Ce peuple était, semble-t-il, composé de segments de clans issus de la tribu de l’Ours et, peut-être, de réfugiés fuyant les Seneca, plus au sud.
Les conseils de tribu étaient convoqués par le chef d’un segment de clan. Avant le conseil, il y avait concertation dans chaque clan pour arrêter une position sur l’affaire en cause. Une fois l’an, tous les chefs de segments claniques assistaient au conseil de confédération. Ils y débattaient des guerres communes et des plans de défense, et y renouaient et renforçaient les liens entre nations. Pendant plusieurs semaines, habituellement au printemps, il y avait des banquets, accompagnés de danses, de festins et de présentations de cadeaux.
Les clans
Chez les Hurons-Ouendats, l’administration quotidienne était fondée sur le clan. Le clan rassemblait les descendants d’une même ancêtre. Divers chefs de clans composaient le conseil de village. Les chefs réunis par les conseils étaient uniquement des hommes, les femmes n’ayant pas directement voix au chapitre. Les Ouendats se mariaient habituellement à l’extérieur de leur clan. La plupart des villages entretenaient donc des liens par alliance, ce qui établissait d’étroites relations sociales.
On comptait huit clans hurons-ouendats, qui étaient des organisations fonctionnelles, ne reconnaissant pas les distinctions de tribu. Ces clans s’identifiaient à des animaux importants dans la mythologie de la genèse huronne-ouendate : tortue, loup, ours, castor, chevreuil, aigle, porc-épic et serpent. Les huit clans étaient généralement représentés dans chaque village.
La vie quotidienne
Les Hurons-Ouendats étaient des agriculteurs, qui cultivaient le maïs, le haricot et la courge. Leur régime alimentaire reposait principalement sur le maïs (dans la proportion de 65 pour 100). Une fois séchés et décortiqués, les grains de maïs étaient broyés, ou parfois écrasés entre deux pierres, pour faire de la farine. La sagamité (soupe au maïs) pouvait s’enrichir de morceaux de poisson, de viande et de courge. Le pain de maïs sans levain était cuit sous la braise, et on l’agrémentait de fruits secs et de viande de chevreuil. Parmi les autres ingrédients du régime alimentaire huron-ouendat, il y avait les haricots, les baies sauvages, les noix et le sirop d’érable. On cultivait le tournesol pour l’huile, utilisée en cuisine et pour s’enduire le corps.
Les femmes du village cultivaient leurs trois principales cultures sur des buttes légèrement surélevées. Le sol s’épuisait tous les deux ans à peu près, et il fallait alors aménager de nouveaux champs. À l’automne, on récoltait le maïs, qu’on mettait à sécher sur des gaules, dans la maison longue. On faisait aussi sécher les haricots, qui étaient entreposés avec le maïs, dans des récipients d’écorce ou de bois.
Les hommes pêchaient à l’aide de filets et de barrages (des enclos sous-marins) disposés sous l’eau. Ils se servaient parfois de javelots de bois armés d’une pointe. Les prises étaient abondantes : corégone, truite, esturgeon, brochet et poisson-chat. La plus grande partie était séchée et fumée pour être consommée plus tard. La chasse était une activité de printemps et d’automne, et le chevreuil était le gibier privilégié, à la fois pour sa chair et pour son cuir.
On poursuivait les chevreuils en les poussant dans des rivières ou des enclos construits à cette fin, où ils étaient abattus à coups de flèches. On fumait la viande, qu’on servait surtout comme plat principal lors des fêtes et célébrations. Les chasseurs hurons-ouendats traquaient l’ours avec des chiens spécialement dressés. Le chien était le seul animal domestique de la société huronne-ouendate. Il arrivait qu’on sacrifie des chiens ou qu’on en tue pour s’alimenter, surtout pendant l’hiver, lorsque la viande était rare.
Les chasseurs prenaient les castors au collet et les tuaient au moyen de flèches ou de matraques. On chassait le castor pour sa chair, mais aussi pour sa fourrure, et cette proie jouait un rôle prédominant dans le commerce du XVIIe siècle. On estime que, vers 1630, la population de castors avait disparu en Ouendake.
La cueillette était importante pour l’alimentation des Hurons-Ouendats. On recherchait fruits mûrs, noix et baies, racines de roseau et sève d’érable pour varier les plats et les agrémenter. Le chanvre servait à fabriquer la corde et à confectionner filets et paniers.
La vie familiale
La maison longue logeait en moyenne six familles. La famille se composait d’une femme, de ses filles ou de ses sœurs, ainsi que de leurs maris et enfants respectifs. Dans la maison longue, les femmes avaient de l’influence sur les dirigeants. Elles étaient les gardiennes du noyau familial et des traditions du village. Les femmes se chargeaient également d’une longue liste de tâches :
- repas, couture et tannage des peaux
- soin des enfants
- entretien des feux et foyers servant à la cuisine
- cueillette d’aliments
- confection des paniers et des récipients
- tissage des nattes et confection des filets
- cultures
- soin des membres de la famille et des invités
Les femmes avaient pour tâche prédominante de cultiver la terre. À l’aide de petites bêches en bois, elles enfouissaient les semences et entretenaient les cultures, chassaient les oiseaux et les rongeurs, faisaient les récoltes et brûlaient les restes végétaux pour amender les sols.
Les hommes, pour leur part, aspiraient à devenir des guerriers courageux, de bons pêcheurs et chasseurs et des commerçants habiles. Ils tentaient également de se gagner une réputation de générosité, d’éloquence et de sagesse. Dans chaque village, les hommes avaient de multiples occupations :
- défrichage
- chasse
- pêche et entreposage du poisson
- fabrication d’ustensiles et d’outils de bois et de pierre
- réparation des structures du village
- fabrication de canots, de pipes, de raquettes et de traîneaux
- négociations de paix avec l’extérieur
Les hommes et femmes hurons-ouendats devaient travailler sans relâche pour se procurer des biens, et n’hésitaient pas à partager avec les autres membres de la maison longue, du village, du clan, de la tribu et de la confédération. Dans plusieurs comptes rendus des débuts, les visiteurs européens insistent tout particulièrement sur la générosité dont font preuve les Hurons-Ouendats à l’égard des Français et d’autres groupes autochtones.
Le mariage huron-ouendat était monogame et les partenaires pouvaient, l’un et l’autre, y mettre fin. Cela se produisait rarement si le couple avait des enfants. Lorsqu’une femme attendait un enfant, il était normal que chaque homme avec lequel elle avait cohabité en revendique la paternité. Il revenait à la mère de faire son choix. Les femmes enceintes se voyaient imposer certaines restrictions. Elles devaient se garder d’être aperçues par le gibier, de crainte que les bêtes ne s’enfuient. Elles devaient soigneusement éviter d’entrer chez les malades, car on pensait que cela pouvait aggraver leur état.
À la naissance d’un enfant, on lui perçait les oreilles, après quoi on lui attribuait un nom. À son plus jeune âge, l’enfant était enveloppé de fourrures et porté dans un porte-bébé garni d’un duvet moelleux, tiré des joncs et des roseaux. Il était allaité jusqu’à ses deux ou trois ans. On le nourrissait ensuite de soupe et de viande prémastiquée. On adorait les enfants, et tous s’en occupaient consciencieusement.
Empreints d’un fort sentiment de dignité, les Hurons-Ouendats considéraient qu’il était malsain de contraindre ou d’humilier quelqu’un en public, particulièrement les enfants. Ils n’avaient jamais recours au châtiment corporel comme punition.
Les enfants recevaient peu d’instruction théorique; ils acquéraient plutôt leurs habiletés au fil de leurs jeux. Les filles aidaient leur mère dans leurs travaux. On attendait des garçons qu’ils soient braves, audacieux et autonomes. Dès leur plus tendre enfance, ils s’infligeaient coupures et brûlures, pour s’entraîner aux épreuves qui devaient plus tard sanctionner leur courage et leur virilité.
La vie au village
Les villages étaient construits à proximité de terres arables et d’une bonne source d’eau. Les Ouendats en choisissaient les emplacements avec soin. Idéalement, le site présentait les avantages suivants :
- à l’abri d’une falaise
- à proximité d’une source
- en surplomb d’une voie d’eau navigable
- non loin d’une zone étendue se prêtant à l’agriculture
- à portée d’une source de bois pour les feux et les constructions
Les grands villages étaient enclos par des palissades formées de rangs de pieux. Pour étayer ce rempart, on insérait entre les pieux des gaules entrelacées, pour former une sorte de treillage. Cet ouvrage présentait également des portails étroits, des tours de guet et des galeries de défense.
Les familles logeaient dans les maisons longues. Ces constructions sans fenêtres mesuraient en moyenne de 25 à 30 mètres de long, de 6 à 9 mètres de large et autant de haut. La maison longue était faite de troncs recourbés en arceaux, qu’on recouvrait ensuite d’écorce et de gaules. Les deux extrémités étaient percées de portes basses et il y avait habituellement un porche qui servait à entreposer les aliments et le bois de chauffage. Des orifices ménagés dans le toit permettaient à la lumière d’entrer et à la fumée de s’échapper. Des foyers, espacés d’environ 6 mètres, desservaient chacun deux familles. La fumée causait souvent des troubles oculaires chez les aînés. Si l’on compte six personnes par famille, la maison longue devait loger de 36 à 40 personnes.
Une plate-forme longeait les deux murs latéraux de la maison. L’hiver, les occupants dormaient sur le sol, près des foyers, et cette sorte d’étagère servait à l’entreposage. L’été, ils dormaient en plein air ou sur cette banquette, qui était assez large pour servir de couche. Les maisons longues étaient frugalement meublées – nattes d’écorce, de roseau ou d’enveloppes de maïs, fourrures sur le sol, pots, paniers et énormes cuvettes pour la conservation du maïs.
La maison longue durait de huit à dix ans. Un village changeait habituellement d’emplacement tous les 20 à 40 ans. Le déménagement était effectué avec l’aide des habitants de villages voisins.
Le vêtement huron-ouendat
Le manteau ouendat était fait de peaux de chevreuil et de castor. Les hommes portaient un pagne et des mocassins. L’hiver, ils y ajoutaient des manchettes, des jambières et une cape de fourrure. Les femmes s’habillaient d’une façon analogue, la jupe remplaçant le pagne. Les Ouendats se peignaient tout le corps et portaient des perles; le rouge était la couleur préférée. Ils utilisaient aussi comme décorations des plumes et des piquants de porc-épic. Les femmes ornaient leur chevelure de petits peignes décoratifs en os. Une autre parure populaire était le « wampum » : perles de verre, osselets et coquillages.
Les hommes portaient habituellement, suspendue dans le dos, une blague à tabac qui leur servait à transporter pipes, amulettes et autres effets personnels. La pipe était un accessoire hautement prisé; avant toute discussion d’affaires et toute réunion, on fumait d’abord une pipe.
La spiritualité
Les fêtes faisaient partie de la spiritualité ouendate, et celles qui mettaient le chant à l’honneur étaient les plus importantes et les plus populaires. Si un homme désirait promouvoir son rang social, il tenait une fête de ce type. Des fêtes d’action de grâces avaient lieu à l’occasion d’événements heureux.
Des fêtes de guérison étaient organisées par les sociétés de guérisseurs, qui traitaient les maladies mentales aussi bien que physiques. Chaque société était dotée d’un masque ou d’un symbole qui lui était propre. Lorsqu’une personne était mourante, on célébrait une fête des adieux.
Les fêtes étaient annoncées par un crieur; plus l’événement était important, plus le crieur choisi était âgé. Des danses et des rites particuliers accompagnaient toutes les fêtes, qui comprenaient jeux et concours.
La maladie
Les Hurons-Ouendats distinguaient trois types de maladies :
- les affections d’origine naturelle, qu’on pouvait soigner à l’aide d’herbes, de remèdes, de cataplasmes ou d’une sudation abondante
- les comportements sociaux jugés anormaux, qu’on croyait relever de la sorcellerie et dont le chaman devait s’occuper
- les troubles psychologiques, qui se manifestaient par des rêves. Chez les Hurons-Ouendats, on croyait que le rêve était le langage de l’âme. Si les désirs révélés par ses rêves étaient réprimés ou frustrés, la personne en souffrait et pouvait même en mourir. Seul le chaman pouvait interpréter les rêves et les désirs qui s’y exprimaient
Les chamans
Il y avait quatre catégories de chamans, qui détenaient des pouvoirs différents :
- Pouvoir sur les conditions météorologiques (vent, pluie, etc.)
- Pouvoir de prédire l’avenir
- Pouvoir de retrouver les objets perdus
- Pouvoir de guérir les malades
Les guérisseurs étaient habituellement des hommes, tandis que la sorcellerie était du ressort des femmes. Le chaman déterminait les mesures à prendre par le truchement de visions et de rêves. Pour induire l’état visionnaire, il se soumettait à des périodes de jeûne et d’abstinence sexuelle, et ce jusqu’à obtention d’une réponse.
Les chamans utilisaient des drogues et des remèdes à base d’herbes, des masques et des crécelles en coquillages. Les chamans (hommes et femmes) jouissaient de la plus grande estime, et l’on payait très cher leurs services.
Texte tiré du site Web de Sainte-Marie-aux-pays-des-Hurons.