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L’union du Canada (avant : l’Union Saint-Joseph )

septembre 19, 2015

Photo : Ralliement pour la procession à l’occasion des fêtes du soixantième anniversaire de l’Union Saint-Joseph du Canada, devant le siège social, 325, rue Dalhousie, Ottawa, 31 mai 1925. Photo : J. A. Castonguay. Source : Université d'Ottawa, CRCCF, Fonds Union du Canada (C20), Ph20-42.

Photo : Ralliement pour la procession à l’occasion des fêtes du soixantième anniversaire de l’Union Saint-Joseph du Canada, devant le siège social, 325, rue Dalhousie, Ottawa, 31 mai 1925. Photo : J. A. Castonguay. Source : Université d’Ottawa, CRCCF, Fonds Union du Canada (C20), Ph20-42.

Parmi les institutions fondées par les Franco-Ontariens au XIXe siècle, l’Union Saint-Joseph d’Ottawa occupe une place particulière et prépondérante. Cette mutuelle d’assurance a été fondée en 1863, par quelques cordonniers de la basse-ville d’Ottawa originaires de Joliette. L’Industrie de Joliette, une société semblable qu’ils avaient connu dans leur village d’origine et qui rendait selon eux de grands services à ses membres, a été leur source d’inspiration. En tant qu’institution à caractère économique, l’Union Saint-Joseph fait figure d’exception dans le paysage social franco-ontarien de l’époque. C’est l’un des premiers outils d’envergure que se donnent les Franco-Ontariens pour faire face à l’adversité trop souvent provoquée par les difficultés de la vie et leur situation socio-économique précaire. Par opposition à l’assurance-vie pure et simple, un luxe que la plupart des Franco-Ontariens ne peuvent s’offrir, l’Union Saint-Joseph est d’abord une mutuelle d’assurance-vie, c’est-à-dire une société qui fonctionne selon les principes du coopératisme.

Les principes fondateurs

Photo : Les membres du Conseil local n° 10 (Embrun) de l'Union Saint-Joseph du Canada, aujourd'hui Union du Canada, Embrun, 1906. Source : Université d'Ottawa, CRCCF, Fonds Union du Canada (C20), Ph20-45.

Photo : Les membres du Conseil local n° 10 (Embrun) de l’Union Saint-Joseph du Canada, aujourd’hui Union du Canada, Embrun, 1906. Source : Université d’Ottawa, CRCCF, Fonds Union du Canada (C20), Ph20-45.

Les principes fondateurs, les aspirations, voire le fonctionnement de l’Union Saint-Joseph dépassent largement la question de l’assurance-vie. En harmonie avec l’univers socio-culturel de l’époque, les motivations des fondateurs sont intimement liées aux grands idéaux nationalistes alors dominants dans la société canadienne-française. Si l’Union Saint-Joseph a d’abord pour but d’organiser des secours mutuels, la fibre patriotique de ses membres, où religion et langue se conjuguent, est abondamment sollicitée et mise à contribution. Tout est mis en oeuvre pour faire naître, grandir et entretenir chez les membres un fort sentiment d’appartenance. Être membre de l’Union St-Joseph et en respecter les règles, c’est prendre une part active à la défense de la foi catholique et de la langue française en sol canadien ou en d’autres mots être un bon patriote. Avec de telles assises, il n’est pas surprenant de constater que l’Union Saint-Joseph joue un rôle clé dans le mouvement qui donne naissance à l’Association canadienne-française d’éducation d’Ontario (ACFEO) en 1910. En tant qu’institution coopérative visant à rehausser le statut économique de la minorité franco-ontarienne, elle est aussi un précurseur du mouvement coopératif en Ontario français, annonçant déjà l’élan que prendra le coopératisme au XXe siècle avec la naissance et la multiplication des caisses populaires.

Les débuts de l’Union Saint-Joseph et l’évolution de l’institution

Photo : Extrait de l'Acte d'incorporation de l'Union Saint-Joseph d'Ottawa (1864), 1887. Source : Université d'Ottawa, CRCCF, Fonds Union du Canada (C20), C20/1/1.

Photo : Extrait de l’Acte d’incorporation de l’Union Saint-Joseph d’Ottawa (1864), 1887. Source : Université d’Ottawa, CRCCF, Fonds Union du Canada (C20), C20/1/1.

L’Acte d’incorporation de l’Union Saint-Joseph d’Ottawa a été accordé par la législature de la province du Canada, le 30 juin 1864. On y précise que la corporation vise à aider et secourir ses membres dans l’éventualité d’une maladie, les veuves et les enfants de ses membres en cas de décès de ces derniers. Les membres fondateurs, de même que ceux qui joignent la société lors des premières réunions sont d’origine modeste et ouvrière. À côté des cordonniers, on y retrouve entre autres des forgerons, meubliers, peintres, bouchers, maçons et tailleurs de pierre. D’ailleurs, au début, les règlements stipulent que pour devenir membre de l’Union St-Joseph d’Ottawa, il faut avoir entre 18 et 40 ans, appartenir à la classe travaillante, être Canadien français et catholique romain et être de la ville d’Ottawa. Ces conditions strictes, de même que le fonctionnement lourd de l’organisation contribuent à limiter les effectifs.

De l’Union Saint-Joseph du Canada à l’Union du Canada

En 1887, on élargit l’éventail des catégories d’âge requis pour devenir membre de l’Union Saint-Joseph (entre 16 et 45 ans). Encore présente en 1887, toute référence à l’appartenance à une classe ou une autre est éliminée en 1893 des qualités requises pour devenir membre. La Société, dont le Bureau Central demeure à Ottawa, prend de l’expansion et ouvre de nombreuses succursales dans la région immédiate, puis de plus en plus loin en territoire canadien. En 1895, on a d’ailleurs modifié le fonctionnement de l’institution et créé le Conseil fédéral. À cette époque, d’autres sociétés de secours mutuels qui avaient vu le jour à Ottawa, avec les mêmes objectifs que l’Union Saint-Joseph, sont absorbées par cette dernière. En 1905, une loi fédérale modifie le nom de l’Union Saint-Joseph d’Ottawa qui devient l’Union Saint-Joseph du Canada.

Photo : Le personnel au travail au bureau-chef de l'Union Saint-Joseph du Canada, une société mutuelle d'assurance-vie, Ottawa (Ontario), 1919. Source : Université d'Ottawa, Fonds Union du Canada (C20), Ph20-83.

Photo : Le personnel au travail au bureau-chef de l’Union Saint-Joseph du Canada, une société mutuelle d’assurance-vie, Ottawa (Ontario), 1919. Source : Université d’Ottawa, Fonds Union du Canada (C20), Ph20-83.

L’année suivante, une constitution des conseils de districts (Montréal, Québec, Ottawa) est publiée. L’organisation structure la mise en place de conseils locaux, auxquels le conseil exécutif accorde une charte. Enfin, en 1959, la Société obtient par lettres patentes un nouveau changement de nom et devient l’Union du Canada, une compagnie d’assurance d’envergure nationale encore en activité aujourd’hui.

De la société de secours mutuels à la compagnie d’assurance

Jusqu’à la fin du XIXe siècle, les contributions des membres sont fixées le plus bas possible, ce qui ralentit le progrès de l’organisation. À titre d’exemple, en 1871, les membres doivent payer 25 cents de cotisation mensuelle, fournir 50 cents lors du décès de l’un des leurs et 25 cents pour la célébration de la fête de Saint-Joseph, patron de la Société. Il y a augmentation lente et graduelle des cotisations au cours des années mais c’est en 1917, après consultation d’un actuaire américain, précurseur en ce domaine, que les autorités de l’Union St-Joseph du Canada décident d’imposer des taux scientifiques. La hausse des contributions s’accompagne d’une diminution de la protection, ce qui n’est pas facile à faire accepter. Ce rajustement fait perdre à la Société un cinquième de son effectif et paralyse le recrutement jusqu’en 1923. Il y aura reprise et progression constante par la suite. La Société prend de plus en plus l’aspect d’une compagnie d’assurance comparable à toutes les grandes institutions modernes de ce secteur d’activité économique, offrant des polices répondant aux besoins variés de sa clientèle.

Textes tirés du site Web du Centre de recherche en civilisation canadienne-française (CRCCF). 

Écoutez la chronique au sujet de l’Union du Canada (Réseau du patrimoine franco-otarien) :

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