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Orléans

septembre 13, 2015

Plan rapproché du panneau d'accueil bilingue du cœur du quartier francophone Orléans, Ottawa. Auteur de la photo: Rémy Tremblay. Tirée de l'Encyclopédie du patrimoine culturel de l'Amérique française.

Plan rapproché du panneau d’accueil bilingue du cœur du quartier francophone Orléans, Ottawa. Auteur de la photo: Rémy Tremblay. Tirée de l’Encyclopédie du patrimoine culturel de l’Amérique française.

Fondé par une volonté hors pair d’agriculteurs, pour la plupart venus du Québec, Orléans est passé très vite au state de simple village à l’une des banlieues les plus prospère d’Ottawa. Tout au long de son histoire, Orléans a connu des épisodes joyeux comme tragiques. On n’a qu’à penser qu’aux belles années du « Police Village » ou au malheureux écrasement d’un avion chasseur FC100, de l’Armée canadienne le 15 mai 1956, sur la Villa Saint-Louis, une résidence pour sœurs. Cet écrasement est demeuré l’une des plus grandes tragédies de toute l’histoire aérienne canadienne. Orléans a toujours eu la particularité exclusive d’être à cheval sur deux juridictions municipales. Unique en son genre, avec son caractère francophone, Orléans a su s’autogérer pendant plus de 50 ans, créant, entre autre sa propre caisse populaire, ses propres écoles séparées et sa propre bibliothèque. Orléans a souvent été à l’ombre du clocher de son église, au style gothique, comparé à un vieux garçon toujours debout, veillant sur ces villageois. Cette église, deuxième de la paroisse, a été construite par les paroissiens d’Orléans eux-mêmes.

Pour conter l’anglicisation d’Orléans, un groupe fut formé en 1979 pour préserver et épanouir la langue et culture française : le Mouvement d’implication francophone d’Orléans, dit MIFO.

LES PIONNIERS

François Dupuis (vers 1785 soit Lorraine, France ou Varennes, Québec -1869, Orléans, ON)

François Dupuis vient s’installer après la bataille de Châteauguay à l’Est de Bytown (Ottawa) sur des terres que la Couronne Britannique lui a données. Il est le premier colon canadien-français dans cette partie de l’Ontario. Selon certains, il arrive en 1835 ou encore 1846. Dupuis fait un vaste appel à tous pour inciter les gens (pour la plus pare des agriculteurs) à venir s’installer près de lui. Plusieurs canadiens-français viendront. En 1849 François Dupuis est choisi par ses co-citoyens pour les représenter auprès du diocèse d’Ottawa dans le but d’obtenir une paroisse chez eux. Cette demande sera complétée en 1860. Par ses actions, François Dupuis a grandement collaboré à la fondation du secteur présent d’Orléans. On le considère souvent comme le fondateur de la localité.

Luc Major (vers 1815, Île Jésus ou Saint-Martin, Québec -1859, Orléans, ON)

On associe souvent à tort l’attribution du nom Orléans à Luc Major. Selon la légende Luc Major aurait nommé la localité « Orléans » en hommage à sa femme, Émilie Masson, originaire de la ville d’Orléans. Par contre, en 19841, on apprenait qu’Émilie Masson n’a aucun lien avec la ville française d’Orléans. L’hypothèse est donc écartée. Par contre, Luc Major restera célèbre à Orléans pour d’autres raisons : il ouvrira la première taverne d’Orléans peu de temps après son arrivée vers 1855. De plus, suite à la demande de Mgr Eugène-Alphonse Guigues, premier archevêque d’Ottawa, Luc Major réalise le premier plan du village d’Orléans qu’il fait enregistré le 9 septembre 1858 auprès du cadre de Carleton.

Théodore Besserer

Théodore est le fils de Louis-Théodore Besserer, le même qui donnera ses terres pour construire l’Université d’Ottawa. Théodore est le premier maître-poste du village (de 1860 à 1866). Il paraitrait que Théodore ait donné le nom « Orléans » à la localité. Il aurait fait cela en hommage à ses ancêtres immigrants venus s’installer à l’Île d’Orléans près de Québec.

Monseigneur Joseph-Eugène-Bruno Guigues, premier évêque du diocèse de Bytown (Ottawa). Source : Wikipedia Commons.

Monseigneur Joseph-Eugène-Bruno Guigues, premier évêque du diocèse de Bytown (Ottawa). Source : Wikipedia Commons.

Mgr Joseph-Eugène-Bruno Guigues (1805, Gap, France -1874, Bytown, ON)

Premier évêque catholique d’Ottawa, Mgr Guigues collabora grandement à la fondation du village d’Orléans. Il viendra une première fois en septembre 1849 (en barque !) entendre les vœux des citoyens d’Orléans d’obtenir une paroisse chez eux. Mgr Guigues sera favorable à leur requête et avec l’aide de François Dupuis accordera en 1860 une paroisse à la localité : la paroisse Saint-Joseph. Il changea également les plans originaux de fondé le village près de la rivière des Outaouais ou profit du nouveau chemin Montréal, ouvert en 1850.

Archibald Petrie (1783, ?, Écosse-1864, Cumberland, ON)

Capitaine de marine de carrière, c’est comme membre du parlement du Haut-Canada que Petrie s’est le plus distingué. Archibald Petrie représentait le comté de Russell. Il est arrivé au parlement en 1841. Il a reçu a obtenir une subvention du gouvernement de quatre mille livres pour construire le chemin Montréal, qui allait relier Bytown (Ottawa) Gloucester et Cumberland à Lachine (qui est à 15 kilomètres de Montréal). Bien qu’il s’agisse d’un chemin en roches, il s’agissait du premier chemin reliant Ottawa à Montréal de façon direct sur la terre ferme du côté ontarien. Le chemin fut complété en 1850.

LE PATRIMOINE

Malheureusement Orléans accuse un certain manque pour commémorer ces lieux historiques. Nous retrouvons donc peu de lieux cité, malgré leur importance. Pour les experts, le patrimoine d’Orléans est surtout composé de patrimoine scolaire et religieux. Le patrimoine agricole, pourtant si important fut quasiment décimés lors de la période du « boum » immobilier dans les années 1980.

Lieux cités :

-La maison Butler (vers 1880) : Cette maison faite de pierre, situé à la sortie d’Orléans servit d’auberge pour les gens qui parcourait le chemin Montréal au début du 19ieme siècle. Cité par l’ex-Ville de Gloucester en ?. On y retrouve une plaque de l’ancien canton, ainsi qu’une plaque de la ville d’Ottawa. Monument cité par Ottawa en 2000, plaque placée en 2008. Surement le plus ancien bâtiment d’Orléans encore debout. Occupation présente : maison-privée.

-La Ferme Youville (deux bâtiments) 1886 : Bâtiment que les Sœurs de la Charité (Sœurs Grises) d’Ottawa furent construire en 1885-1886 pour accueillir une ferme qui desservait la communauté religieuse en ville. De plus, l’édifice servait de maison pour les Sœurs qui enseignait à l’Académie Saint-Joseph, l’école du village. L’autre bâtiment, également cité on retrouve un moulin à farine. En 1970, les Sœurs Grises vendirent la ferme et leurs terres à des développeurs immobiliers. Monument cité par l’ex-Ville de Gloucester en ? .

Lieux patrimoniaux non-cités :

Église St-Joseph à Orléans, en banlieue d'Ottawa. Auteur de la photo: Rémy Tremblay. Tirée de l'Encyclopédie du patrimoine culturel de l'Amérique française.

Église St-Joseph à Orléans, en banlieue d’Ottawa. Auteur de la photo: Rémy Tremblay. Tirée de l’Encyclopédie du patrimoine culturel de l’Amérique française.

– Église Saint-Joseph d’Orléans : Deuxième église de la paroisse, au style gothique construit de 1920 à 1922 à même le site de la première église. Véritable symbole d’Orléans, l’église servit pendant des années comme lieux de rencontre culturel. Elle fut consacrée le 19 mars 2010 par l’archevêque d’Ottawa.

-Le presbytère : En 1891 le contrat de construction du presbytère est donné à John O’Connor pour la somme de 4,800$. Au cours des années, le presbytère subira de nombreux changements. En 1908, on réalise que le couloir relient le presbytère à la sacristie menace de s’écrouler. Ont le répara une deuxième fois en 1911 puis définitivement lors de la deuxième église en 1922. En 1925, on y installe le téléphone et en 1930, l’électricité y fait son apparition. De plus, on remplace le système de chauffage au bois par du charbon. En 1951 on y construit un garage. On y rajoutera un chemin couvert le reliant au presbytère.

-Le cimetière : À l’occasion de sa visite pastorale en 1888, Mgr Duhamel, archevêque d’Ottawa note : « Il sera bon d’en venir à une décision quant à l’achat d’un nouveau cimetière ou à l’agrandissement du cimetière actuel. » Les paroissiens d’Orléans en prennent bonne note puisque le 23 janvier 18932, la paroisse achète de la Corporation épiscopale d’Ottawa un terrien de 10 acres pour un nouveau cimetière pour la somme de 758.63$. Ce terrain sert encore aujourd’hui comme le cimetière de toute la population d’Orléans.

Mentionnons aussi la démolition de la première école d’Orléans, l’école Saint-Joseph en 1984. Construite en 1939, l’école accueillait des élèves jusqu’en 1969. Avant ça, une autre école, construite tout près accueillait les élèves depuis 1890 (l’Académie Saint-Joseph). La démolition en août 1984 de l’école Saint-Joseph a fait disparaître a jamais les liens pionniers entre Orléans et le monde éducationnel.

 

LES ORGANISMES ET LES INSTITUTIONS FRANCOPHONES

Mouvement d’implication francophone d’Orléans, dit le MIFO :

Suite à l’arrivée massive des familles majoritairement anglophones dans le « boum » immobilier des années 1970-1980, les francophones d’Orléans décidèrent de formé un comité pour empêcher qu’Orléans s’anglicise. Le MIFO est né de la fusion de deux groupes francophones visant à préserver et épanouir le français à Orléans. En 1984, le MIFO réussit un de ses objectifs primaux : d’ouvrir un centre culturel. Devenu un véritable symbole franco ontarien, Le MIFO fait la renommée d’Orléans.

Paroisse Saint-Joseph d’Orléans :

Fondée par Monseigneur Guigues en 1860 d’après les demandes initiales de 1849 des colons canadiens-français du coin, la paroisse Saint-Joseph fut la seule paroisse à Orléans (toutes langues et confessions confondues) jusqu’en 1979. La paroisse est l’essence même du secteur d’Orléans actuel.

Paroisse Ste Marie. Photo tirée du site Web de la paroisse.

Paroisse Ste Marie. Photo tirée du site Web de la paroisse.

Paroisse Sainte-Marie d’Orléans :

Fondée en 1987, la paroisse Sainte-Marie dessert les gens vivant à l’Est du chemin Champlain d’Orléans, du au fait que la paroisse Saint-Joseph d’Orléans était devenu surpeuplée. Après plusieurs années d’attente, on procéda à l’ouverture officielle de l’église en 1998.

Caisse populaire d’Orléans (devenue une succursale des Caisses Desjardins) :

Fondée en 1944 par des résidents orléanais, la caisse populaire d’Orléans est lors d’une des premières (et seules) fois où la communauté va l’encontre de l’opinion de la paroisse, qui qualifiait le mouvement de caisse comme un mouvement « communiste ». Le nom officiel de la caisse fut jusqu’en 1970 Caisse populaire de Saint-Joseph d’Orléans. Mais dû à de nombreuses confusions entre la caisse populaire de Saint-Joseph de Hull, laissa tombé le nom « Saint-Joseph » pour ne garder qu’« Orléans ». En 1983, la caisse d’Orléans intégra la Fédération des caisses populaires de l’Ontario. En 2001, la caisse ouvre un deuxième Centre de services de la caisse à Orléans.

Le Rendez-vous des aînés d’Orléans (RAFO) :

Fondé en 2005, par des aînés d’Orléans le RAFO regroupe les aînés d’Orléans qui sont en quête d’activités et de loisirs en français.

École secondaire Garneau :

Première école secondaire francophone d’Orléans. Elle ouvre en 1972, durant la grande période suivant l’obtention des écoles secondaires francophones publiques subventionnées par le gouvernement de l’Ontario. Reconnue pour son style d’architecture innovateur qui rappel le thème « Terre des hommes » de l’exposition universelle de Montréal en 1967, l’école est devenue en 1989, une école secondaire catholique. Jusqu’en 1997, Garneau était la seule école secondaire francophone d’Orléans. L’école Garneau est à ce jour l’école secondaire la plus vielle encore en fonction à Orléans (toutes langues et confessions confondues).

Express Ottawa logoJournal L’Express :

En 1983, un groupe d’investisseurs francophones fondent le premier journal, un hebdomadaire bilingue, d’Orléans. Il se nomme « Orléans express ». Le même journal deviendra dans les années 1990 un journal entièrement francophone et prendre le nom de « L’Express » simplement. En 2005, le journal décida d’étendre sa portée à l’ensemble passant d’Orléans à l’ensemble de la ville d’Ottawa.

Orléans compte encore à ce jour plusieurs clubs communautaires francophones qui œuvre au près des gens. En voici la liste des quelques-uns. Le chiffre en parenthèses correspond à l’année de leur fondation.

Les Scouts (1966)

Les Chevaliers de Colomb (1967)

Club 60 d’Orléans (1970)

Le Club Richelieu (1972)

Les Guides (1972)

Le Club Optimiste d’Orléans (1980)

Les filles d’Isabelle (1981)

 

LES ÉVÈNEMENTS MARQUANTS

Vers 1846 : arrivée du premier colon canadien-français, François Dupuis.

1849 : Visite de Mgr Guigues à Orléans pour s’assurer du bien fondée du désir des villageois d’obtenir une paroisse chez-eux.

1860 : Fondation de la paroisse Saint-Joseph.

1885 : Fin de la construction de la première église Saint-Joseph.

1890 : Ouverture de la première école du village, l’Académie Saint-Joseph.

1920 : Démolition de l’église Saint-Joseph (elle éprouvait des graves problèmes de structure et elle était devenue trop petite)

1922 : Fin de la construction de la deuxième église (celle encore debout présentement).

1922 : Formation du « Police Village » de Saint-Joseph d’Orléans.

1944 : Fondation de la Caisse populaire d’Orléans.

1956 : Un avion-chasseur CF-100 de l’armée canadienne s’écrase sur la Villa Saint-Louis, une résidence pour sœur, à seulement deux kilomètres du centre du village d’Orléans. 15 personnes décèdent.

Affiche du dévoilement de la programmation artistique 2011-2012 du MIFO. Source : site Web de Mifo.

Affiche du dévoilement de la programmation artistique 2011-2012 du MIFO. Source : site Web de Mifo.

1958 : Ouverture de la première bibliothèque d’Orléans par le couple Bériault.

1974 : Abolition du « Police Village » de Saint-Joseph d’Orléans. Orléans est incorporé dans la Municipalité régionale d’Ottawa-Carleton.

1979 : Fondation du MIFO.

Années 1980 : arrivée massive des milliers de familles provenant à Orléans cherchant le calme de la banlieue. La population orléanaise augmenta si vite (elle triple entre 1980-1990) qu’elle fut la communauté avec la plus grande croissance au Canada dans la fin des années 1980 !

2001 : Abolition des deux administrations présentent sur le territoire d’Orléans : la ville de Gloucester et Cumberland au profit de la nouvelle grande ville d’Ottawa.

 

Texte tiré du site Web du Réseau du patrimoine franco-ontarien.